Le canal et sa population
Après une inactivité physique de plus d’un an et après 9 mois de rondeurs, j’ai rechaussé mes chaussures à crampons et enfourché mon vélo tous terrains.
Arrivée le long du canal, à peine quelques kilomètres plus tard, mon corps à l’air d’avoir oublié ce que voulait dire "activité sportive". Mes cuisses me brûlent et l’air endolorie ma gorge.
J’essaie de trouver mon rythme et adopte la vitesse appropriée.
Ce que j’aime sur mon vélo, c’est d’essayer de passer outre la souffrance des jambes, du cœur et du souffle mais aussi de croiser le regard d’autres sportifs du dimanche comme moi.
- Il y a les jeunes cadres dynamiques qui ont troqué leurs belles cravates contre un vélo flambant neuf à 1500 Euros et qui filent à fond les bananes, laissant femmes et enfants à la maison. (Un peu comme moi remarque…)
- Il y a celui qui, fièrement, me double à vive allure lors d’une descente et qui enrage quelques secondes plus tard parce que je le double à mon tour pendant la côte.
- Il y a la mémé asiatique courbée sur son vélo cabossé, me laissant apercevoir son visage figé, lèvres pincées, qui pédale d’un bon rythme sans sentiment ni expression de fatigue ou de douleur. Elle ne fait pas de sport, elle. Par le canal, elle va au marché parce que celui-ci est moins cher…
- Il y a aussi les femmes d’une quarantaine d’années qui font leur jogging, fines, sèches et musclées, parfois bronzées, et nos regards se croisent… Elle en est ?
- Il y a le pépé qui aspire ma roue arrière (comme on dit) et qui se sert de mon rythme pour accélérer le sien. Parfois c’est le contraire, je choisis un homme qui va légèrement plus vite que moi et essaie de le suivre le plus longtemps possible.
- Il y a les pêcheurs matinaux, le grand-père assis sur un plot, observant cette vie dominicale qui pourrait ressembler à une rue chinoise, sans oublier la grand-mère qui sort ses 3 caniches déposant quelques crottes sur le côté en pelouse.
- Et puis il y a les pères de familles.
Ceux qui gueulent sur leurs mômes parce que ce qu’ils ne sont pas assez à droite ou s’arrêtent en plein de milieu de la piste cyclable.
Ceux qui passent plus de temps à mater les jolies jeunes filles en short (comme moi ?) que de s’occuper de leur progéniture.
Ceux qui aimeraient rouler plus vite et puis sous les bois sinueux mais le petit de 4 ans ne suit pas malheureusement…
Et puis enfin, je vous rassure, ceux qui passent du bon temps avec leurs enfants.
Après quelques dizaines de kilomètres d’observations en tout genre et de derniers efforts cherchés je ne sais où, je retrouve ma petite famille.
Je laisse la place aux familles avec bambins et trottinettes qui laisseront à leur tour la place aux rôdeurs nocturnes et alcoolisés.
J’attends le moment ou je retrouverai tous mes camarades de jeux du canal avec qui je partagerai à nouveau des souffrances et des regards.