Homo Vachalactus
Peu coutumière des complaintes en mi bémol, je dois avouer qu'aujourd'hui je suis d'humeur un peu rock and roll parce que mon porte monnaie a l'allure grunge.
Je m'explique : avoir des enfants quand on est homo, c'est le passage en caisse obligatoire.
Ca commence chez le gynécologue, qui vous envoie chez le radiologue, qui vous envoie chez le pharmacien, qui vous envoie chez l'infirmière et qui vous ouvre toutes grandes les portes du Thalys vers Bruxelles ou ailleurs. Montant de l'opération (répétée autant de fois que les caprices de la fertilité l'exigent) : muchos pesos.
Ensuite, quand toute cette farandole de dollars et de piqûres s'achève vient le moment tant attendu de l'enfantement, la mise au monde de la "famille homoparentale". Et force est de constater que celle ci a parfois bien du mal à se faire reconnaître des administrations en tous genres : la CAF garde les cordons de sa bourse bien solidement fermés tandis que partout ailleurs, l'administration prend en compte tous nos revenus communs pour calculer nos barêmes. Bref, encore une fois, tout ne va pas de soi et les fins de mois commencent à se faire difficiles.
Et puis un beau jour de mai, un gouvernement un peu rigide est élu et décrète qu'aucune avancée ne pourra voir le jour pendant cinq ans en matière d'homoparentalité. On nous explique que la France n'est pas prête, que la famille est un pillier de la République, blablabla... Alors nous, consciencieuses et soucieuses de la persistance de notre famille par delà les frontières de la mort ou de la séparation, on file chez notre notaire, rédiger un joli testament qui tente de garantir un avenir serein à notre fratrie légalement virtuelle. Encore une étape qui m'a coûté au passage ma guitare et mon sombrero.
Bref, j'ai le compte en banque en berne et j'ai hâte que la France républicaine regarde un peu plus The L Word !