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18 mars 2008

Il était une fois Elton (épisode 2)

Le projet

Alors voilà, quand on a passé beaucoup de temps sous la couette et qu’on a fait les folles pendant plusieurs mois, voire, plusieurs années, on se dit que peut être ce serait vachement chouette de donner du sens à notre couple.

A ce moment là, dans le monde particulier de l’homoparentalité, on se met en quête d’informations (à défaut de se mettre en quête d’un géniteur). Alors on surfe beaucoup sur Internet sous le regard amusé et tendre de sa moitié (et on arrive à rendre ça romantique !), on se rend aux réunions d’information organisées ici et là et on écoute religieusement la litanie des récits de chacun pour se faire une idée de ce dans quoi on s’engage.

« Moi j’avais pensé que mon voisin serait le géniteur idéal, mais quand je lui ai dit que j’attendais de lui une pension alimentaire sans droit de visite, il a tourné les talons. J’comprends pas.»

« Moi, j’en suis à 24 inséminations infructueuses, j’ai dû vendre à peu près tout ce que je possédais qui avait un peu de valeur pour financer mes voyages à Bruxelles, je n’en peux plus, je jette l’éponge. »

« J’avais un projet de bébé avec ma première cops, mais on a rompu un soir en boîte, alors ensuite, je me suis maquée avec une autre qui ne voulait pas de marmots alors je lui ai dit bye bye, finalement, maintenant que j’ai 40 ans, je me dis que le meilleur moyen serait que je le fasse seule ce bébé. »

« Moi je me suis découvert homo sur la tard alors que j’avais déjà 3 enfants avec ma femme. Depuis mon coming out, elle m’interdit de les voir et ils me rejettent violemment. Je ne sais plus quoi faire. »

« Nous on est deux papas, notre fils arrive en décembre. »

Voilà comment de conviviales en réunions, on a entendu à peu près tout ce qui se fait en matière d’homoparentalité, on a séché les larmes des uns, ri parfois des infortunes cocasses des autres, rêvé aussi, beaucoup, énormément.

On a appris aussi que dans le monde très rationnel, pragmatique et politiquement engagé de l’homoparentalité, un bébé porte le doux nom de « projet ».

Notre « projet » était donc né.

Et à ses trousses, un bon millier de questions qui émanaient, bien entendu, d’un vague sentiment de culpabilité à l’idée de mettre au monde par IAD avec stim un projet dépourvu de référent masculin (ben oui, c’est qu’à force de fréquenter le gotha de l’homoparentalité, on avait fini par attraper pas mal de tics de langage !)

On va l’appeler comment ?

Et si jamais je ne me sentais pas engagée dans sa vie puisque je ne l’ai pas porté ?

Et si jamais il nous reprochait à tout jamais l’absence d’un père ?

Et si ses copains d’école étaient méchants avec lui à cause de nous ?

Comment on va faire le jour de l’accouchement ?

Comment vont réagir les médecins ?

Et si ça ne marchait pas, on irait jusqu’où ?

On se fixe quelles limites ?

On lui racontera quoi ?

Tu voudrais qu’il te ressemble ?

Tu crois qu’il aimera les tripes à la mode de Caen ?

Quels référents masculins a-t-on à lui offrir ?

Seront-ils fiables ?

Tu préfères les Huggies ou les Pampers ?

Végétarien ou macrobiote ?

Ecole privée ou école publique ?

Papie et Mamie ou Pépé et Mémé ?

Maman et Maman ou Maman et Mamour ?

Mentir ou être visible ?

Petits pots ou purée fraîche ?

Bob l’Eponge ou Dora Exploratrice ?

Parent isolé ou foyer fiscal ?

Doudou pas doudou ?

Pfff… finalement, on découvrait que c’est vachement fatigant d’avoir un « projet ».

A toutes ces questions que nous trouvions incontournables, on nous répondait invariablement : « Ouh les filles… vous vous posez bien trop de questions ! Qu’est-ce que vous vous prenez la tête. Ton père et moi on s’est rencontrés, une semaine après on vivait ensemble, 50 jours après on était mariés et 9 mois plus tard tu étais née. On avait 22 ans, je t’assure qu’on ne s’est pas posé autant de questions et pourtant, bon, t’es lesbienne mais t’es quand même quelqu’un de bien. Alors ? »

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Commentaires
C
Vous vous êtes vraiment posé toutes ces questions ??? Ouh là, si les 25 000 sont règlementaires, notre projet n'est pas près d'arriver ;-). <br /> Ta maman avait raison, pas besoin de trop penser, quand l'envie est là...
T
Moi c'est quand j'ai vu positif sur le test que j'ai qq peu paniquée... The question était " vais-je être une bonne mère ???" Bon maintenant que j'ai vécu avec un milliard de têtes blondes je le crie haut et fort "Quand les parents prennent au sérieux leur rôle... no problem !!!"
N
C’est toujours aussi bon de vous lire de si bon matin, il paraît qu'avec des "si" on mettrait Paris en bouteille. Je suis sur qu'Elton ne se pose pas autant de question que vous. Et que plus tare il vous dira « ben c’est la vie »
M
aloors ? il aime les tripes à la mode de Caen ? ;o)<br /> Sans blague, vous vous êtes posé 25 000 questions, votre "projet" est devenu un petit bonhomme blond et deux petites bonnes femmes :o) et grâce à vous, nous nous sommes aussi retrouvées à nous poser 25 000 questions et notre projet s'appellent Augustin, Niels et Baptiste ! simplement un grand merci :o)
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  • Quotidien drôle ou moins drôle d'une famille homoparentale. Molly, professeur d'anglais, principale auteure. Kip, nouvellement infirmière. Elton, petit garçon de bientôt 8 ans et ses 2 petites soeurs de 5 ans Thelma & Louise.
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