Et si un jour Elton…
(Petit retour en arrière sur nos interrogations de mamans - post de 2005)
… était homo ?
Evidemment on s’est posé la question.
Evidemment on s’est dit bêtement « du moment qu’il est heureux… »
Mais aussi on a réfléchi.
Et s’il était homo, en souffririons nous ?
Oui.
Tout simplement parce que pour un garçon, l’accès à la paternité s’en trouve immédiatement plus compliqué. Et puis parce que, il faut se l’avouer, le lesbianisme est mieux toléré que l’homosexualité masculine.
Et s’il était homo, l’accepterions nous ?
Oui.
Faut dire qu’on serait très mal placées pour le contraire !
(à ce sujet, mes parents qui se sont mariés 50 jours seulement après s’être rencontrés nous avaient toujours dit qu’ils ne seraient pas en mesure de s’opposer si nous faisions la même chose. Ils ont respecté leurs engagements. Je suis homo, et ils n’ont jamais rien trouvé à y redire.)
Et s’il se découvrait homo, se confierait-il à nous ?
Je crois que la grande question se situe là.
Notre famille particulière serait-elle un lieu de tolérance où toutes les envies, toutes les initiatives seraient permises ou au contraire aurait-il peur d’être celui qui nous ferait tous sombrer dans la caricature qui voudrait que « les parents homos influencent gravement l’orientation sexuelle de leurs enfants » ?
Et si Elton était homo, aurait-il un parcours de souffrances et de peines ou un chemin en douceur vers la maturité, à l’image de ses deux mamans ?
Parce que finalement, tout comme il y a mille façon d’être hétéro (modèle beauf, raffiné, fidèle, volage, famille nombreuse…), il y a mille façon d’être homo (homo assumé, refoulé, fêtard, en souffrance, pantouflard avec caniche, folle, paternel…)
Et si Elton était homo ? On se sentirait responsables, inévitablement. Parce que pour un homo-parent, toutes les raisons sont bonnes pour se remettre en question.
Mais là encore, mes parents, modèle hétéro de base, biens sous tous rapport, se sont trouvés infiniment responsables de mon homosexualité…
Mais, et si Elton était heureux, homo ou hétéro, tout simplement ? Est-ce qu’on s’en sentirait coupables ? Faudrait-t-il que l’on s’excuse d’avoir réussi à avoir des enfants heureux malgré toutes les infamies supposées que nous leur aurions fait enduré ? Non.
Le grand challenge des homos parents, c’est de faire grandir des enfants « comme les autres ».
Cette pression là, on se la met seul, comme pour prouver que oui, on est différents, mais néanmoins compétents.
Et lorsque l’on aura fini de se flageller de la sorte, eh bien, on fera comme tout le monde : on aura des enfants qui regardent trop la télé, qui se moquent des mémés qui ont du poil au menton, qui boivent des bières devant un match de foot, qui virent homos ou hétéros (au choix) et on en tirera les mêmes conclusions que tous les autres parents de la terre, ni plus, ni moins.
P.S. pour Elton : quand même Elton, si tu pouvais devenir un éminent médecin violoniste qui donne de son temps en musico thérapie pour les victimes des séismes d’ici et d’ailleurs, tu ferais vachement plaisir à tes mamans ! Merci d’avance !