Fébrile
Alors qu'il y a un an je me sentais forte, vaillante, presque conquérante, voilà qu'à l'aube de la plus grande étape de notre vie de famille, je deviens complètement fébrile.
Si j'étais toujours vailante, forte et conquérante, j'aurais couru chez un notaire signer un consentement à l'adoption croisée (et déboursé 500 euros au passage),
Si j'avais toujours l'optimisme chevillé au corps, je serais en train de glâner des témoignages de proches ou d'intervenants éducatifs ou médicaux qui attesteraient de notre présence conjointe auprès des enfants (et aussi qui feraient état de l'accès à une alimentation complète, un lieu de vie salubre et des soins acceptables),
Si j'y croyais aussi fort que j'y ai cru, je ferais le plein de photos de nous deux, trois puis cinq prouvant notre engagement, notre présence, notre amour pour chacun, depuis toujours (et même avant),
Bref... si j'y croyais et si je me sentais vaillante.
Mais la réalité a mis le doute en moi. Juste au moment où nous abordons l'ultime épreuve de notre construction familiale. Celle qui devrait nous octroyer le droit d'être des parents à part entière aux yeux de la loi.
La réalité ce sont ces décisions qui commencent à tomber, ici et là, et qui laissent entendre que non, malgré le mariage, l'accès à l'adoption ne serait pas automatique.
Jusqu'à présent, j'ai toujours accepté de lutter, de passer par mille épreuves que je trouvais parfois injustes voire humiliantes. Mon chemin de vie était un peu différent, ça impliquait des ajustements. OK.
Mais les promesses sont passées par là. Mariage. Adoption. PMA. Elles ont mis un espoir fou dans nos têtes de mamans. La promesse que nous pourrions enfin lever la garde, sûres que notre famille serait pérenne. Et voilà. La réalité aujourd'hui c'est que ces promesses nous ont affaiblies et qu'au moment de franchir le grand pas, je tremble. Je tremble de la crainte de voir tous nos espoirs baffoués. Je frémis à l'idée de m'entendre dire que non, mon mode de vie ne me donne pas accès au sésame de parent.
Quand la loi fragilise. Quand la loi devient arbitraire. Il ya quelque chose de pourri au royaume de la famille.