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30 janvier 2007

Le lendemain de la fin du monde

Cette nuit, vers 1h00 et alors que je n'avais pas encore trouvé mon sommeil, une sirène s'est soudain mise à retentir. Une sirène comme celles qui résonnent le 1er mercredi de chaque mois. Un système d'alerte dont on ne connaît pas vraiment le rôle mais une sirène dont on sait qu'elle doit être suffisament importante pour qu'il soit nécessaire de s'assurer de son bon fonctionnement.
Quand elle résonne le mercredi matin, je me dis "Tiens, on est déjà le mois prochain ! Que le temps passe vite... faudrait peut-être que je pense à payer ma facture d'eau."
Mais quand soudain elle se met à brailler au beau milieu de la nuit noire, quand en plus de faire du bruit, elle déchire la nuit de ses alertes stridentes pendant plus d'une heure, quand les minutes passent dans le bruit et la fureur, alors, même sans être alarmiste, on se prend à penser que quelque chose de grave s'est produit, on prie pour que les enfants ne soient pas tirés de leur profond sommeil par ces bruits inhospitaliers, et on s'interroge sur ce que sera demain. Alors le moindre avion qui nous survole, le moindre deux-tons au loin est une confirmation de ce que l'on n'ose aller voir, les volets sont notre seul rempart contre cet autre monde que nous ne soupçonnons pas. On se met à penser à un lendemain sans avenir, à nos enfants élevés dans la crainte de l'autre et dans un monde sans fleurs mais avec couronnes dans lequel la folie des hommes nous aurait rattrapés et condamnés à vivre.
C'est drôle et rassurant à la fois qu'à cette occasion Kip et moi n'ayons eu que des pensées d'amour et de désolation pour nos enfants, sans jamais penser à nous.
Drôle aussi que cette fureur m'ait reconduite dans le quotiden de l'enfance de mes propres grands-parents qui ont connu les alertes aériennes, l'exode et la séparation. Je ne les écouterai certainement plus jamais d'une oreille distraite.
Ce matin, après un réveil difficile, c'est avec prudence que j'ai ouvert nos volets, heureuse de constater que l'herbe du jardin était toujours bien verte, que nos poules n'avaient pas subi de transformations génétiques notables, qu'il n'y avait pas de Boeing 747 planté dans les charentaises de mon voisin et que le ciel brillait toujours du même éclat. J'ai humé l'air avec prudence quand même avant de l'inspirer avec délice. Vivante.
Et aujourd'hui, bêtement, je me suis interrogée sur ce qui pouvait ainsi créer autant de craintes chez nous deux, jeunes mamans. Je me suis interrogée sur ce monde qui produit tant de menaces. Je me suis projetée dans ce qui est le quotidien de nombreuses populations du monde contraintes de subir la barbarie humaine. Et aujourd'hui, bêtement, j'ai eu comme des bouffées d'humanisme, des envies d'engagement, des aspirations au militantisme. J'ai même pleuré en écoutant "La Berceuse" de Bénabar... c'est vous dire !

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Commentaires
M
Et " La berceuse " de Lynda Lemay?
M
Sueurs froides...beurk!
N
Bon mais alors, c'était pourquoi, cette heure entière de sirène ?
M
Contente de vous retrouver pour une note toujours aussi pleine de poésie. C'est sur que je préférerai être réveillée par Bénabar jouant "un peu de trompette"!
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  • Quotidien drôle ou moins drôle d'une famille homoparentale. Molly, professeur d'anglais, principale auteure. Kip, nouvellement infirmière. Elton, petit garçon de bientôt 8 ans et ses 2 petites soeurs de 5 ans Thelma & Louise.
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