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2 novembre 2006

Commun des mortels ?

Quand je suis née, les gens de ma famille qui sont venus se pencher sur mon berceau m'ont trouvée adorable moche et frippée.
A cinq ans, je voulais être vétérinaire mécanicienne pour porter des bleus, comme mon père.
A huit ans, j'avais ma première Barbie que je chérissais trouvais crétine
A dix ans, j'étais la mascotte de mon école, celle qui jouait du violon banjo sur la scène de la kermesse à la grande surprise des parents réunis pour l'occasion.
A douze ans, alors que mon corps se transformait en un coprs de jeune fille, je tapais sur mes seins et je maudissais ces douleurs dans la bas ventre qui étaient pour moi des signes bénis assauts d'une féminité que je refusais.
A quinze ans, alors que mes copines se grimaient en groupies d'Indochine et ne voyaient que par les marques, moi je travaillais mon galbe en aérobique bivouacais dans les montagnes enneigées avec mon traîneau et mes chiens, mes chaussures de rando et mes laines polaires.
A dix huit ans, alors que toutes mes copines exhibaient leur tout nouveau permis de conduire et se faisaient offrir une Citroën Saxo rose, moi, je lorgnais les vielles BMW 4L que je trouvais charmantes à souhait.
A vingt ans, alors que les ovaires de mes copines de fac frémissaient à chaque odeur virile qui passait dans les couloirs, je me pâmais restais de marbre sans comprendre ce qui les rendait à ce point mièvres.
Alors même si je comprends le point de vue de Taomin qui considère qu'avoir des enfants quand on est homo c'est avant tout obéir à un ordre établi, reproduire un schéma familial, se réfugier derrière une apparence de normalité, je m'insurge et je dis NON.
Mon parcours, ma vie, ma personnalité ont fait de moi un être en dehors des conventions, et si j'avais vraiment voulu faire plaisir à ma mère et m'assurer la tranquilité de la norme, j'aurais choisi Robert plutôt que Kip.
anatomie_femmeMais voilà, même quand on est un peu "hors norme", même quand on est une fille et qu'on se découvre homo, même quand on s'était juré que la marmaille c'était pour les blaireaux conventionnels et même si on s'en défend, un jour arrive où le cri du ventre intervient et chamboule tout. le cri du ventre, ça donne à peu près ça "ahhrrffoouuiiloouuarrraillle !!" et c'est irresistible. Ca vous met la larme à l'oeil quand les berceaux se remplissent autour de vous, ça vous rend jalouse des ventres ronds croisés au hasard des chemins, ça vous fait pleurer toute seule devant la télé à chaque annonce d'un drame de l'enfance et ça vous donne une envie irrépressible d'être celle qui tiendra cette petite main, qui sèchera ces larmes, qui apprendra la neige, le vent, le rire aux larmes et les purées de carottes.
Eh oui ! Ca rend bête l'appel des tripes, mais quand ça vous prend, ça vous prend là, dans le coeur, dans le ventre, dans la tête et tout n'est plus tendu que vers ça. Sans qu'on y puisse rien. Bien qu'on s'en défende. Homo ou hétéro. Dans la norme ou en dehors des conventions. C'est irresistible et ça n'a rien à voir avec une volonté de normalité.

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Commentaires
E
Oui, quelque part avoir des enfants nous renvoie à la norme. Je ne sais pas si ça nous renvoie "dans" la norme, mais ça nous confronte à la norme, c'est sûr. <br /> <br /> D'abord quand on se dit qu'on veut des enfants, avec cette personne en particulier, qui se trouve être une femme. Ben oui, mais on va faire comment? Et puis est-ce qu'il ne va pas souffrir, avec des parents homos, ce môme? Papa ou pas papa? Et s'il n'y a pas de papa? A l'époque où je me posais ces questions, on ne parlait pas d'homoparentalité dans les journaux, il n'y avait pas tous ces forums, rien. La seule chose claire, c'était l'interdiction française d'avoir accès à la PMA. La loi ne nous jugeait pas dignes d'être aidées comme d'autres personnes en désir d'enfant. Pour cela, il fallait s'exiler, aller exposer sa vie et ses désirs devant une psy, dans une langue étrangère. Une fois l'accord donné (ben oui, même si la loi étrangère nous laissait tenter notre chance, elle nous soumettait tout de même à l'obtention d'un accord de "spécialiste"), il a fallu expliquer à la gynéco française, parcourir des milliers de kilomètres tous les mois, compter ses sous pour savoir quand pourrait avoir lieu la prochaine tentative.<br /> <br /> Puis, pendant la grossesse, ré-expliquer à la maternité, à la sage-femme le jour de l'accouchement, aux puéricultrices, et après la naissance, trouver le naturel nécessaire pour le dire au pédiatre, la directrice de la crèche, les autres parents, la maman de la copine de square, l'instit, les parents d'élèves... quand ce n'est pas notre enfant qui fait du outing à la boulangère: "Ben ce sont mes mamans, j'en ai deux". Ou au monsieur du télémarketing qui lui demande son papa: "J'ai pas de papa moi, j'ai deux mamans, vous voulez laquelle?" Pour elle, pour sa vie, oui je l'avoue, j'ai un sacré désir de normalité: qu'elle ait droit au même respect, à la même protection que les autres enfants. Ca commence par lui faire comprendre que la différence est multiple, une richesse inépuisable qui fait de chacun de nous un être unique, et par lui apprendre le respect des autres. Jusque là, ça va. <br /> <br /> (D'ailleurs, entre paranthèses: moi qui m'attendais à avoir droit à des commentaires sur l'absence de père à tous les tournants, je me suis retrouvée face à des remarques sur l'allaitement (trop long), sur le sommeil (pas sain puisque bébé dormait dans le lit de ses parents), sur l'éducation (trop laxiste puisqu'on estimait qu'un bébé de quatre mois ne fait pas de caprices), sur les "limites" (qu'on ne donnait pas à l'enfant parce qu'on privilégie la discussion et la recherche de compromis aux ordres dictés de haut)... Ce n'était pas à cause de l'absence de papa que notre enfant allait être anormale, c'était parce qu'elle était allaitée, bercée, et gâtée-pourrie! Fermons la parenthèse.)<br /> <br /> Là, où ça se complique, c'est quand il faut lui expliquer que même si on lui apprend qu'il faut respecter la loi, la loi elle ne la considère pas avec respect. Que pour la concevoir, il a fallu aller à l'étranger. Qu'une de ses mamans n'a pas les mêmes droits que l'autre. Là, je m'en fous totalement de savoir si mes désirs inconscients me poussent de la marge où me placerait ma sexualité vers une normalité majoritaire et ennuyeuse... Je trouve "normal" en tant que parent de vouloir protéger mon enfant, point. Etre queer ou pas est le moindre de mes soucis.<br /> <br /> Sauf que quand nous avons commencé les démarches pour que notre enfant ait ces mêmes droits que les autres, les juges ne semblaient pas du tout trouver ça normal. Ils trouvaient ça au mieux curieux, au pire outrancier. Ils nous ont demandé si nous n'étions pas des "militantes" (personnage détestable aveuglé par ses "convictions"), si notre enfant ne risquait pas de s'emmêler les pinceaux à parler de deux mamans. (Heureusement qu'ils ne nous ont pas demandé combien de temps la môme avait été allaitée et où elle avait dormi les premiers mois de sa vie!) Leur dire que c'était normal de vouloir protéger son enfant, ça les a pas convaincus. Parce que quand on est homo, on n'est pas "normal".<br /> <br /> Oui, avoir des enfants nous rapproche d'autres parents (on se découvre plein de "points communs" comme les maladies infantiles ou la gestion des devoirs d'école), ça nous pousse même parfois à vouloir être encore plus normale que la normale parce qu'on n'a pas envie de se faire remarquer plus qu'on ne l'est déjà et qu'au fond de nous on porte cette peur irraisonnée de voir n'importe quelle difficulté de notre enfant attribuée à sa construction familiale.<br /> <br /> Et pourtant, au moindre passage aux urgences pédiatriques, au moindre papier officiel à signer, on nous rappelle que non, non, nous ne sommes vraiment pas dans la norme. On nous dit même que donner à nos enfants les mêmes droits qu'aux autres, ça bousculerait trop les normes des autres, quand ce n'est pas "l'ordre social" tout court.<br /> <br /> Le rapport des familles homoparentales à la "normalité" (va savoir finalement ce que ce terme veut dire...) est bien plus complexe qu'un simple "désir insconscient de normalité". Le désir d'enfant quant à lui, tout comme le non-désir, c'est un appel des tripes qui se moque totalement de l'orientation sexuelle.
G
Personnellement je comprends le point de vue de chacune mais je ne suis pas pour le fait de se "reproduire"( je trouve déjà qu'on est bien assez nombreux sur terre - et cette pauvre Terre elle en souffre - et puis y'a tellement d'enfants seuls et en souffrance à qui donner de l'amour, de l'attention) bref la chose qui est plutôt délirante quand on est un couple homo (question qui ne se pose pas pour la "norme") c'est : qui va porter l'enfant? bon pour Molly & Kip ça a été le choix des reines puisque chacune son tour... mais avoir un enfant ne veut pas dire forcément le "porter" car certaines femmes ( homos et hétéros - mais ces dernières n'ont pas le choix à part prendre une mère porteuse ;) ont en horreur l'idée que quelque chose pousse dans leur ventre et ça on n'en parle jamais. Donc on peut vouloir être mère mais pas avoir envie que ça passe par son ventre alors on en pense quoi de tout ça ? ;)
M
Comme il est sain de dubiter comme tu dis Taomin !<br /> Je comprends qu'on ne veuille pas d'enfants. Parfois, moi même je me prends à rêver de ma vie d'avant, celle où l'on se levait tard, celle où tout notre argent était disponible pour ne penser qu'à nos nombrils, celle où nous pouvions rentrer tard, partir en voyage loin et avoir du temps pour se vautrer dans le canapé avec un bon bouquin. Ces temps là sont révolus et j'en ressens parfois un sentiment mitigé. Pour autant, je ne reviens pas sur ce désir d'enfant qui est tout aussi réel que ton non désir à toi. Mais de là à parler d'un désir (même inconscient) de normalité, je ne suis vraiment pas d'accord. <br /> Au tout début de nos démarches pour avoir un enfant, pas mal de nos amis gays nous avaient fait la même remarque, petit sourire en coin. Mais derrière ces remarques, on lisait souvent pas mal d'amertume, et une certaine tristesse de devoir s'avouer que le chemin de la paternité leur était fermé. Certains d'ailleurs revenaient parfois à nous en plus petit comité pour savoir comment, eux, pourraient à leur tour avoir accès à la paternité !<br /> Et puis, pour reprendre les propos d'Indilou en réponse à ton post, la famille homoparentale se doit de s'afficher partout, à chaque instant. Nous pratiquons un militantisme forcené et pourtant involontaire. Chaque étape de la vie sociale de nos enfants nous invite à la transparence et à la visibilité. Et si tu considères ça comme une normalité, je t'invite à venir, comme nous, faire au moins un coming out par semaine dans les endroits les plus incongrus (le petit train au parc, le cabinet du médecin, la file d'attente à la boulangerie...)<br /> Enfin, pour terminer, je suis heureuse que nous ne soyons pas d'accord. C'est sain et surtout ça nosu permet d'échanger sur des sujets de fond, parce qu'effectivement, cet argument de la normalité comme une règle de vie nous est souvent retourné et mérite bien quelques lignes. (je tiens d'ailleurs à te rassurer : je sais que le mot normalité n'est pas une insulte. Tous les membres de ma famille vivent dans la plus parfaite des normalités et je ne leur en tiens pas du tout rigueur !)
T
"Même quand on s'était juré que la marmaille c'était pour les blaireaux conventionnels et même si on s'en défend, un jour arrive où le cri du ventre intervient et chamboule tout" :hum hum... comme on dit, y'a que les cons qui ne changent pas d'avis, c'est ça ?<br /> C'est un argument que j'ai déjà lu ailleurs, le "moi des enfants j'en voulais pas et puis vers 30 ans, mon ventre m'a dit..."<br /> Ce désir d'enfant est viscéral... comme mon non désir à moi.<br /> <br /> "C'est irresistible et ça n'a rien à voir avec une volonté de normalité." : j'ai l'impression que "normalité" est une insulte ! Je te crois volontiers sur le fait que c'est irrésistible... mais sur la non volonté de normalité, je dubite... peut être que "désir inconscient de normalité" sonne plus juste ?<br /> <br /> Depuis cette note (que certaines commentatrices vraisemblablement n'ont pas lue) je me rends encore plus compte à quel point le fait de ne pas vouloir d'enfant (et le dire) n'est pas "tendance"... j'ai même reçu quelques mails d'insultes !
Z
Il me semblait que le désir d'enfant ne repondait à aucune logique, aucune sexualité...
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  • Quotidien drôle ou moins drôle d'une famille homoparentale. Molly, professeur d'anglais, principale auteure. Kip, nouvellement infirmière. Elton, petit garçon de bientôt 8 ans et ses 2 petites soeurs de 5 ans Thelma & Louise.
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