Métro / boulot / microbes et temps qui passe
La rentrée n'est déjà plus qu'un lointain souvenir. Mon joli teint halé aussi.
Les microbes sont passés par là.
Trois petits corps bien mal en point qui se blottissent tout contre moi pour trouver du réconfort. Trois petits nez bien chargés qui viennent faire penser qu'un troupeau d'escargots a fait l'exode sur mon tee shirt noir. Trois petits estomacs retournés qui viennent se déverser sur mes Converse.
Bref, le médecin ne connait plus que nous et ma machine à laver n'en finit plus de digérer tout mon linge souillé.
La rentrée est passée et Kip s'est métarmorphosée en une étudiante très zèlée. Chaque soir après les cours, elle s'installe sur notre table de salle à manger et feuillette, relit, synthétise, se documente. Et moi pendant ce temps là, je vis dans une cathédrale de silence et de solitude. Forcée au mutisme pour ne pas troubler cette concentration. Contrainte à une danse sur la pointe des pieds pour ne pas faire craquer les lames du parquet. J'ai eu pour récompense ce soir de la voir pour la première fois dans son joli costume d'infirmière, mais attention ! Pas question de toucher parce que "tu sais, les bactéries peuvent vivre dix ans en dehors du corps". Ouais, ouais, ouais...
Il y a deux ans tout pile, ma future infirmière avait quelques nausées dont nous ne connaissions pas encore la cause. Il y a deux ans, nous avions passé l'après midi au Jardin d'acclimatation avec un Elton encore enfant unique, encore sous le regard incrédule de ses deux mamans follement amoureuses. Ce matin, j'ai vu mon grand garçon partir à l'école, beau comme un coeur dans son petit manteau de marin, sa petite chevelure blonde au vent. Si petit mais déjà si grand. Et quand il a disparu au coin de la rue, quand je l'ai vu marcher seul vers sa journée, j'en ai eu le coeur tout serré.
Le temps passe, c'est sûr. Tiens, ma prof de banjo par exemple, ue vieille copine. Je l'ai connue il y a plus de vingt ans. Sportive, coquette, fluette. Je l'ai retrouvée la semaine dernière dans un parc à Paris. Quinca, bouffie, ménoposée, obèse.
Et elle a dû déposer quelques uns de ses kilos de vieillesse sur ma frèle carcasse parce que notre rencontre m'a laissé comme un poids sur la consience. Y'a pas de doute, le temps passe. Et il laisse des traces.